
Ismail berrada
Directeur de publication et de la rédaction
Doctinews N°84 Janvier 2016
A
lors que le nombre de bénéficiaires du Ramed a atteint 9 millions de personnes, dépassant ainsi la population cible estimée au départ à 8,5 millions, de nombreuses questions se posent quant à son financement à venir.
En effet, les chiffres présentés à l’occasion du conseil d’administration de l’Agence nationale d’assurance maladie (Anam) relatif au Ramed montrent que les deux régions de Drâa-Tafilalet et Marrakech-Safi ont un taux de réalisation inférieur à 100 %, soit respectivement 72 % et 88 %, sachant que les 10 autres régions dépassent le taux de 100 %, avec des records pour la région de Laâyoune Sakia El Hamra (355 %) et Dakhla-Oued Ed Dahab (243 %). Dans son rapport d’activité, l’Anam souligne le risque d’un « large dépassement puisque 26 provinces n’ont pas encore atteint leurs cibles dont 5 ne dépassent pas 60 % », « dépassement qui pourrait impacter négativement le financement du régime qui souffre déjà de l’insuffisance des fonds, et pourrait éventuellement dégrader la qualité des prestations servies aux bénéficiaires ».
le taux de réalisation du ramed atteint parfois des records
Par ailleurs, le taux de retrait des cartes de la population dite « vulnérable », qui doit s’acquitter de 120 dirhams par bénéficiaire avec un plafond fixé à 600 dirhams par ménage, est en régression à 29,5%. Conséquence directe, les montants collectés sont passés de 31 millions de dirhams (de janvier à octobre 2014) à 24,7 millions de dirhams (de janvier à octobre 2015).
De son côté, le régime de l’Assurance maladie obligatoire (AMO) a atteint un taux de couverture de 33 % de la population totale en 2014, soit 8,5 millions de personnes, mais les dépenses augmentent plus vite que les cotisations. Elles ont en effet connu une augmentation de quelque 20,5 % entre 2013 et 2014, contre à peine 7 % pour les cotisations et contributions.
Cette année, l’AMO devra absorber une population supplémentaire de quelque 280 000 étudiants. Viendront ensuite les indépendants qui bénéficieront progressivement du régime de l’AMO sachant que le Haut commissariat au plan estime cette population à près de 3 millions de personnes. Et ainsi, d’ici 2020, 90 % de la population marocaine devrait être couverte.
Une grande avancée pour le Maroc mais rien n’est acquis, bien loin de là ! La vigilance s’impose au risque de mettre en péril un système à peine né qui n’a d’autre vocation que de répondre à un droit, celui de la santé.