
Ismail berrada
Directeur de publication et de la rédaction
Doctinews N°88 Mai 2016
P
our la contrer, les officines ont tout de même un argument de taille, la valeur ajoutée du pharmacien basée sur le service et le conseil qui s’appuie sur plusieurs années d’études et des connaissances en matière de santé.
L’ubérisation de la pharmacie n’est pas d’actualité au Maroc
C’est donc à partir de cette valeur ajoutée que le pharmacien pourra, à terme, tirer son épingle du jeu et ne pas disparaître.
Mais pour y parvenir, il ne suffit pas de prodiguer un conseil. Car le pharmacien, qui plus est au Maroc, le fait depuis longtemps. Il le fait même depuis toujours, naturellement, spontanément, sans que cela ne soit spécifié sur un registre ni encore moins comptabilisé. Il faut donc structurer et organiser la dispensation du conseil et des services proposés (ou qui pourraient l’être) par le pharmacien, afin de leur donner un cadre légitime et de les rémunérer à leur juste valeur. Plusieurs études ont montré, par exemple, l’importance du rôle du pharmacien dans l’observance au traitement (et les gains pour la société), un rôle qui ne pourra pas être assumé par un simple « porteur » de médicaments.
Certes, l’ubérisation de la pharmacie n’est pas d’actualité au Maroc. Mais le secteur est tout de même en proie à d’importantes mutations, et ce n’est pas l’amendement au projet de loi 109-12 portant code de la mutualité qui va arranger la situation. Car si les mutuelles sont autorisées, demain, à dispenser des médicaments (et d’autres services de santé avec), il sera difficile, pour un pharmacien indépendant, de rivaliser sur les prix face à des concurrents aptes à se fournir par le biais d’appel d’offres, et qui exerceront une influence sur le patient.
Reste la relation de confiance et de proximité qui lie le pharmacien à ses « patients ». L’atout est précieux mais il n’est pas éternel !